Léa Ruellan : l’équilibre est dans les plantes

En deux ans, la fondatrice de la marque Équilibre s’est fait un nom dans l’univers du CBD. Au cœur de son projet, le cannabis et les femmes. Ainsi qu’une exigence : vivre alignée avec ses valeurs et son environnement. Rencontre avec une herboriste moderne, qui puise dans la nature et la sororité toute la puissance du monde.

Léa Ruellan : l’équilibre est dans les plantes

Elle impressionne par son expertise autant que par son agilité. Ancienne directrice artistique dans la mode pour des marques de prêt-à-porter écoresponsables, Léa Ruellan cultive le respect de soi et de l’autre, avec la conviction que bien-être et paix intérieure riment avec homéostasie, le terme biologique qui désigne la capacité du vivant à s’autoréguler pour s’adapter et survivre.

Son histoire avec le cannabidiol débute il y a une dizaine d’années, alors qu’elle est étudiante aux beaux-arts d’Angers. Un trouble dysphorique prémenstruel, forme sévère du syndrome prémenstruel alors peu connue en France, lui gâche la vie. Pour apaiser ses symptômes, on lui prescrit des antidépresseurs, qui ne traitent pas la cause et brident sa créativité. Décidée à améliorer son quotidien, Léa cherche des façons naturelles de se soigner.

Une étude canadienne découverte sur Internet, tendant à démontrer les effets positifs du chanvre sur les hormones féminines, lui ouvre des perspectives. Les bienfaits thérapeutiques de la plante et plus encore les femmes, patientes, chercheuses, militantes, qui ont œuvré à sa démocratisation la passionnent. Chez elle, Léa expérimente. À force de curiosité et de tâtonnements, guidée par la science et le partage d’expérience, elle va faire entrer pour de bon les plantes dans son existence. À partir de graines importées, sélectionnées pour leur teneur en CBD, elle fait pousser ses plants, prépare ses huiles et trouve enfin un soulagement durable à ses crises. Il faut du temps pour que le corps s’adapte et change, mais l’effet d’entourage fonctionne si bien qu’elle se passe bientôt de tout médicament.

Équilibre en chiffres
– 2 années d’existence
– 12 personnes dans l’équipe
– 50 références
– 80 000 litres d’huile de CBD
– 11,4 K abonnés sur Instagram
– Présence dans 16 Monoprix à travers la France

Sorcière 4.0

Ravie, Léa voit le marché du cannabidiol s’ouvrir en France, mais déchante. Elle n’y retrouve pas l’ambition, la qualité et la créativité qu’elle connaît outre-Atlantique. La fin d’un grand projet lui offrant le temps et l’espace de rêver, elle crée, en pleine crise sanitaire, une « mini-marque » d’huiles au CBD bio élaborées en France. Elle monte un site vitrine, lance un compte Instagram et une campagne de crowdfunding, et saute dans un van avec une copine pour aller à la rencontre des chanvriers et du laboratoire avec qui lancer sa première production. Une communauté s’agrège aussitôt à l’aventure et fait exploser les compteurs. En quelques semaines, Léa prend conscience du potentiel d’Équilibre et décide de tout risquer pour s’y investir entièrement. Les 500 premières huiles s’étant vendues en quelques heures, elle repart illico à Bordeaux préparer des macérats de plantes et visser à la main les jolis bouchons qu’elle a choisis pour ses flacons.

Sororité

Avec Équilibre, Léa Ruellan s’applique à changer le monde. Intérieur, chez ses consommateurs, et celui qui l’entoure. Écoféministe convaincue, elle revendique des valeurs sociales fortes, dont la première consiste à mettre la femme au centre, par souci d’égalité dans un secteur émergent. Son équipe 100 % féminine ne compte que des passionnées : une pharmacienne, qui développe de nouveaux produits et assure la communication scientifique ; une business développer ; une responsable des réseaux sociaux en lien avec les influenceurs ; une rédactrice SEO. Mais aussi des chanvrières, qui ont mis au point des variétés de CBD aux taux de THC naturellement si bas que les fleurs n’ont pas besoin d’être lavées et “reterpénisées” chimiquement. Cette empreinte sociale, Équilibre l’affirme de façon radicale. Changer le monde, c’est aussi s’engager dans la défense du secteur en tant que porte-parole du syndicat interprofessionnel. Confier le tri des fleurs signature à des prisonniers, à qui échoient plus généralement des travaux sans valeur ajoutée, et la logistique à un organisme d’État, qui forme des personnes fragilisées et les qualifie en deux ans.

C’est, enfin, échanger, partager, s’entraider, grâce à un groupe WhatsApp dérivé du réseau international Entourage. Créé avec Laure Bouguen de chez Ho Karan, Entourage France conseille les jeunes entrepreneuses du CBD qui naviguent dans un climat juridique instable ou cherchent, tout simplement, des solutions pratiques au quotidien.

LA PLANTE SIGNATURE

Dès les débuts d’Équilibre, Léa souhaite renforcer l’effet d’entourage des extractions de cannabis “full spectrum” dont elle dispose, sans avoir à recourir ni aux solvants ni aux huiles essentielles, toxiques pour le foie. Elle a l’idée de faire macérer dans ses huiles enrichies au CBD des plantes possédant des molécules similaires pendant 45 jours. En diffusant leurs phytomolécules, l’immortelle de Corse, le bleuet des Vosges, la menthe poivrée et le calendula de Provence boostent ses bienfaits sans augmenter le taux de THC. En guise de signature, Léa en glisse un brin dans ses flacons. Un geste poétique et scientifique : chaque fiole est unique et la macération se prolonge.

Step by step

Équilibre commercialise désormais 18 références sur son e-shop, huiles hydro et liposolubles, fleurs à fumer ou à vaporiser aux noms de voyages (ainsi que les dispositifs pour une consommation douce, dont une pipe en verre de toute beauté), infusions et thés, sels de bain à l’eucalyptus ou à la rose, dont les pétales libèrent leurs huiles essentielles au contact de l’eau.
Après avoir conquis La Grande Épicerie de Paris, la marque vient d’entrer dans le corner santé de 16 magasins Monoprix de la métropole. Parallèlement, elle poursuit son implantation en France et à l’international dans des points de vente tournés vers le bien-être, salles de sport, cliniques et centres de soins. Positionnée haut de gamme et tournée vers un public féminin, elle envisage sereinement son inscription, authentique et profonde, auprès d’un public en quête de transparence, d’efficacité, de naturel et de sens.

POP CULTURE

Publié au printemps chez La Maison Hachette pratique, le livre de Léa Ruellan intitulé CBD, que faire avec ? s’impose comme un ouvrage de référence. Coloré et ludique, bourré de connaissances, il tord le cou en 160 pages aux idées reçues. Un langage simple et précis, saupoudré d’humour, une maquette inventive et ponctuée d’encadrés, des illustrations claires et des photos acidulées donnent envie d’explorer le cannabidiol sous toutes ses formes, de la cuisine à la santé, en passant par la beauté.

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