En 1940, au cours de leurs nombreuses recherches sur le cannabidiol contenu dans du hashish égyptien, A. Jacob et A. R. Todd découvrent le H4CBD. Autrement connue sous le nom de tétrahydrocannibidiol, cette molécule est vite tombée dans l’oubli, ne suscitant que très peu d’études. Mais le récent succès du chanvre bien-être est en train de remettre ce cannabinoïde de synthèse, qui n’est autre que la forme hydrogénée du cannabidiol, sur le devant de la scène. D’autant plus que le H4CBD est parfois vanté comme étant cent fois plus puissant que le CBD !
Comme la margarine
À l’instar du HHC, le H4CBD est un cannabinoïde de synthèse. D’aucuns les considèrent comme « semi-synthétiques », puisqu’ils sont tous deux issus d’un processus chimique opéré sur des phytocannabinoïdes, appelé hydrogénation. Dans le cas du H4CBD, cela consiste à ajouter quatre atomes d’hydrogène à la « tête » de la molécule de CBD. Il s’agit d’un procédé bien connu, largement utilisé au-delà du secteur du chanvre, puisque c’est de cette façon qu’est produite la margarine. Plutôt rassurant du point de vue sanitaire, même si certaines questions restent en suspens, notamment à l’égard du catalyseur qui pourrait impliquer la présence de métaux lourds dans le produit fini. Si les industriels du secteur commencent à produire du « CBD synthétique », et que des produits en contenant apparaissent sur notre marché depuis quelques mois, ce n’est pas pour des raisons pratiques ni économiques. En effet, le CBD est présent en quantité largement suffisante dans la nature pour ne pas avoir à en produire artificiellement.

Récepteur CB1
Cent fois plus puissant ?
La modification structurelle de la molécule de CBD aboutissant à du H4CBD présenterait un intérêt majeur : elle permettrait au cannabidiol de multiplier son affinité de liaison au récepteur CB1 par cent ! C’est ce qui explique que l’on lise souvent que le H4CBD est « cent fois plus puissant que le CBD ». Argument très percutant, à l’heure où les effets réels et les méthodes de consommation du cannabidiol sont encore très mal compris par les consommateurs. En gros, cela peut parfois être perçu selon cette rhétorique : le CBD est du “THC light” et H4CBD est du “CBD hard”.
En d’autres termes, le bon compromis ? Une grosse confusion, surtout ! Mais si la première de ces affirmations est complètement fausse, la seconde ne l’est peut- être pas tant que ça. En effet, une étude de 2006, menée par l’équipe de Shimon Ben Shabat, a mis en lumière que le CBD se lie cent fois plus au récepteur CB1 quand il est hydrogéné. CBD et CB1 étant connus pour ne pas faire bon ménage, le premier ayant même parfois une action d’opposition sur le second, on pourrait effectivement penser que les effets de ce cannabinoïde seront centuplés. Sauf que, multiplier zéro par cent, ça fait toujours zéro ! Alors, il serait faux d’écrire que le CBD a « zéro effet » sur le CB1, mais ils sont tellement négligeables que, même augmentés à cette échelle, le consommateur pourrait ne pas pouvoir faire la différence. C’est en tout cas ce qui ressort des impressions des consommateurs, surtout ceux qui, habitués à la consommation de THC, espèrent retrouver les effets de ce dernier. Certains scientifiques avancent qu’il est plus raisonnable de penser que le H4CBD serait trois fois plus puissant que le CBD dans ses effets, mais, là non plus, rien de très étayé. Enfin, du point de vue légal, comme souvent dans notre secteur, c’est toujours un peu le flou…