Ce n’est pas un hasard si le berceau de Baga se situe en Nouvelle-Aquitaine. Antoine Grenier et Gaspard Duval, les deux fondateurs de la marque, aspiraient à « fuir le tumulte des grandes capitales européennes » (Paris pour le premier, Londres pour le second) pour vivre dans « une ville à taille un peu plus humaine ». Bordeaux donc. Tous deux s’y retrouvent au sein de l’IAE, fin 2017, où ils suivent un master entrepreneuriat après avoir étudié respectivement la biologie et la robotique.
En quête d’un traitement
C’est là, en 2018, qu’ils découvrent le cannadidiol alors qu’ils recherchent un traitement pour la pelade universelle. Gaspard est en effet atteint de cette maladie auto-immune, conséquence d’un dérèglement du système immunitaire. « Je suivais auprès du CHU de Bordeaux un traitement à base d’immunosuppresseurs en injection sous-cutanée hebdomadaire, avec beaucoup d’effets secondaires de plus en plus insupportables ». Il y avait bien le THC, réputé anti-inflammatoire, mais pas question pour Gaspard de fumer des joints à longueur de journée. Il opte pour une huile en sublingual. « Comme tu peux le voir, ce n’est pas miraculeux pour la repousse des cheveux, dit-il en souriant sous sa boule à zéro, mais ça atténue les effets secondaires du traitement et, surtout, c’est d’une efficacité redoutable contre les troubles de l’anxiété. »
En approfondissant leurs recherches, les deux étudiants se familiarisent alors avec les autres cannabinoïdes… dont le cannabidiol. Une molécule qui va être au centre de leur projet. L’idée : « développer un produit au CBD de grande consommation, agréable et pratique ». Ce sera une gamme de boissons. Pour y parvenir, Gaspard et Antoine se fixent un double objectif, « l’obtention des propriétés organoleptiques et le développement d’’un procédé qui permette de mélanger le CBD de façon homogène dans un liquide ».
Reste à trouver les partenaires susceptibles de les accompagner. Côté R&D, les deux entrepreneurs collaborent avec le Centre de ressources technologiques Agir (pour « Agroalimentaire innovation recherche »), qui présente deux avantages. Primo, ce CRT est spécialisé dans les émulsions ; deuzio, il s’agit d’un acteur local. « Il nous accompagne tout au long du développement du produit, avec beaucoup de pertinence, de compétence. »

Coups de pouce
Question financement, Gaspard et Antoine peuvent compter à la fois sur une aide départementale et sur une aide régionale, en l’occurrence celle de l’ADI (Agence de développement et d’innovation) Nouvelle-Aquitaine. Mais c’est du côté des banques que ça coince. « On sollicite tous les établissements de la région, une douzaine au total, mais impossible d’ouvrir un compte en banque professionnel. On est obligé de passer par une banque en ligne pour déposer notre capital et créer juridiquement l’entreprise. Aujourd’hui, on n’a plus besoin d’expliquer ce qu’est le CBD, mais, à l’époque, on est vu comme un ovni», raconte Gaspard. Finalement, le salut viendra de la French Tech Central, dont le rôle est de faciliter la mise en relation des start-up avec les acteurs institutionnels. Résultat : la Banque de France se manifeste et « c’est elle qui, en son nom, va envoyer [leur] business model aux agences parisiennes des plus grandes banques. Aujourd’hui, on est accompagné par une banque traditionnelle très connue ».
« On s’est rendu compte que la gamme précédente, par sa faible teneur en sucre, pouvait avoir un effet clivant…»
115 000 unités écoulées
En dix-huit mois, les deux entrepreneurs auront écoulé 115 000 unités de leur première gamme, conditionnée dans des bouteilles en verre de 33 cl. Au sein du réseau des CBD shops principalement. « Nous leur sommes très reconnaissants, ce sont eux qui nous permettent d’avancer, qui nous
incitent, par leurs retours, à améliorer nos produits, que ce soit en termes de packaging ou de propriétés organoleptiques », précise Gaspard. La marque est aussi présente dans quelques cafés et restaurants de la région bordelaise (à travers l’enseigne Santosha notamment, spécialisée dans la cuisine du Sud-Est asiatique) ainsi qu’en Guadeloupe et dans les Caraïbes. Au total, tous canaux confondus, cela représente pas loin de 500 points de vente. Auxquels pourraient bientôt s’ajouter ceux de la GMS. « Comme on a des structures de marges relativement faibles, on est obligé de miser
sur une stratégie de volumes », justifie Gaspard.

Récemment, Baga a franchi une seconde étape avec une nouvelle gamme de boissons au CBD aromatisées. Pétillantes cette fois, mais aussi un poil plus sucrées. « On s’est rendu compte que la précédente gamme, par sa faible teneur en sucre, pouvait avoir un effet clivant et rebuter une certaine cible de consommateurs. Donc, pour rendre nos boissons un peu plus grand public, on a légèrement augmenté le pourcentage de sucre. Rien de flagrant : on est passé de 2,1 g à 2,4 g pour 100 ml. Ces quelques dixièmes en plus permettent d’obtenir des boissons plus gourmandes, sensation d’ailleurs accentuée par le gaz carbonique. Quant aux arômes de fleurs, en plus d’avoir un intérêt gustatif, c’est aussi un clin d’œil à la saisonnalité. » Et puisqu’il est question de saisonnalité, Gaspard imagine déjà une déclinaison de la première gamme (Pêche blanche & Verveine, Framboise & Mélisse, et Pomme Kiwi & Camomille) sous forme d’infusions. Winter is coming…
Baga en quelques chiffres
- 2 années d’existence
- 2 fondateurs : Antoine Grenier (président) et Gaspard (directeur général)
- 115 000 unités écoulées en dix-huit mois
- Près de 500 points de vente